Chantal Nève-Hanquet, Christine Vander Borght
« Dorénavant, quand j’entre dans une
famille, une école, un parlement ou une église, je me rebelle. Je sais dans
quelle réalité distordue chacun vit. Je veux remplacer tout cela par un nouvel
ordre, celui que les enfants ont connu quand on les a laissés vivre, inventer.
Derrière les histoires que je raconte aux enfants, derrière les jeux que l’on
invente ensemble se cache une profonde révolution. Celle du psychodrame et de la
créativité. » (Autobiography, 2.35) [1]
De
la créativité au psychodrame.
Pour
ceux et celles qui utilisent le psychodrame comme méthode de thérapie ou de
formation, Moreno reste une référence obligée. Démon ou génie, ce médecin né à
Bucarest en 1889 a développé son intelligence exploratoire à la frontière de la
littérature, du théâtre et de la psychiatrie. Ses racines juives, turques,
roumaines et viennoises, ses cinquante années de vie aux Etats-Unis ont façonné
le creuset dans lequel a fermenté son inépuisable créativité.
Le
cheminement de J.L. Moreno est marqué d’une grande originalité baignée par le
courant expressionniste de son époque. Il avait vingt ans quand Freud en avait
cinquante, et pensait avec autant de fierté que de défi que son travail commençait
là où s’arrêtait celui de Freud : à la porte du lieu de consultation. Car
le territoire de Moreno est l’espace public, c’est la rue, les parcs, la ville,
les groupes d’enfants ou de prostituées, les camps de réfugiés... Moreno
rencontre les gens dans leurs milieux de vie, encourageant chacun à utiliser
son imagination et sa créativité, n’hésitant pas à s’impliquer dans des actions
collectives. Il s’intéresse au fonctionnement des groupes, aux interactions qui
s’y déploient et à la manière dont chaque membre du groupe devient un agent
thérapeutique pour les autres.
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[1] Cité par MARINEAU René
(1990) : « J.L. Moreno. Sa vie, son oeuvre ». Editions St-Martin
– Montréal.
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